Puis c'est la fin.

Les projecteurs se rallument et aussitôt c'est un déluge d'applaudissements. Il te faut un moment avant de te joindre aux vivats: un morceau de toi est toujours là-bas, perdu dans l'histoire que les deux comédiens ont déroulé pour vous. Et si tes mains battent avec enthousiasme, ton visage reste celui d'un enfant émerveillé.

Le calme s'installe après plusieurs rappels. Par petits groupes, les spectateurs s'en vont, discutant avec animation, pensant déjà à la suite de la soirée, au travail qui reprend le lendemain, à la vie qui s'étire entre ces murs. À la vie qui prend fin.

Frisson. Tu chasses la pensée qui s'est glissée autour de ta nuque. Les appels du duo, revenu sur scène pour rassembler leurs accessoires, sont une distraction bienvenue. C'est que tu as réalisé leurs costumes, ornés de centaines de perles qui miroitent et chatoient: d'innombrables soirées de travail patient, pour lesquelles ils te remercient avec tant de chaleur que tu peux sentir tes joues brûler. Tu n'as jamais été doué pour recevoir les compliments.

Quand ils retournent en coulisses pour quitter leurs habits de lumière, tu te retrouves seul. Seul avec la magie déjà dissipée du spectacle, qui laisse place à ce doute dont tu peux sentir le regard sur toi – son regard et tes mains sales.

Où es-tu, Sara?
Pourquoi ne donnes-tu plus de nouvelles?