ft. @Ocelot
10/02.

L'appel du café.
Tu n'as avalé qu'un grand verre d'eau, ce matin. Tu as toujours eu à avaler autre chose que de l'eau fraîche le matin, et avec ton rythme de vie ça n'a jamais été particulièrement gênant, au contraire. Tu avais du temps, ce matin, tu ne prends ton service qu'en début d'après-midi et c'est souvent le jour que tu choisis pour sortir courir. Une demi-heure généralement, plus quand à vraiment besoin de te défouler et de t'aérer l'esprit.
Pas toujours simple, ici.

Lorsque tu es rentrée, tu as viré tes baskets dans un coin en les balançant sans ménagement tout prêt du meuble où elles sont censées être rangées, et puis tu t'es glissée à la salle de bain pour une douche tiède qui as fait un bien fou à tes muscles tendus. Après ça, sans même avoir pris la peine de sécher ses cheveux, tu es ressortie pour aller récupérer un café avec double dose de sucre, et une viennoiserie pour tenir jusqu'au déjeuner. C'est comme ça tous les matins de ta vie.
Routine, quoi.

Mais la routine se fissure lorsqu'en attrapant le sachet contenant ta viennoiserie, puis le gobelet chaud de ton café, tu aperçois un profil familier qui sort de l'un des bâtiments voisins. Tu prends une viennoiserie de plus, et puis tu te précipites à l'extérieur, bousculant une épaule au passage, tu te contentes de balancer des excuses sans pour autant te retourner et puis, tu forces sur tes jambes encore fatiguées du footing pour enfin parvenir à te hisser à hauteur d'Ocelot.
Tu lui fourres le petit pain sucré et beurré entre les mains.

« Tiens, mange. » tu lâches, en prenant une petite gorgée de ton café. Tu grimaces, parce que c'est trop chaud, et puis tu tournes la tête vers ton frangin. « T'as pris un petit-dèj' c'matin ? »

ft. @Ocelot
10/02.

Il ramasse sa cigarette. Sa foutue cigarette. Et tu te maudis de ne pas avoir su être assez rapide pour écrabouiller celle-ci de la pointe de ton pied. Tu lâches un lourd soupir, de ceux qui, selon ta mère, manquent cruellement d'élégance pour une fille de ton âge et tu te met à souffler dans ton gobelet pour refroidir un peu ton café.
« T'as une clope dans l'bec avant d'avoir graille un truc. Tu m'dépites. » Toi, tu prends soin de ta santé, tu te préserves, tu préserves ta batterie pour la faire durer le plus longtemps possible. Tu sais que quand elle est à la fin, c'est terminé, tout s'éteint et honnêtement, t'es pas bien pressée que ça arrive. Pas avant d'avoir fait un vrai truc de ta petite vie. Mais lui. Lui, là. A chaque fois que tu le vois, t'as envie de lui mettre des claques parce qu'à chaque fois que tu le vois, il a l'une de ces cigarettes dégueulasses qui puent la mort entre les doigts, ou entre les lèvres. Quand c'est pas le cas, c'est l'odeur qui s'est accrochée à lui, que tu renifles et qui te fait grimacer.

« Va t'faire ! » Tu rétorques, quand il se permet de notifier que t'as grossi. Peut-être. Tu manges mal, faut le dire. Des trucs rapides, sur le pouce, parce que t'as pas la foi de faire autrement, cela dit, tu compenses avec le sport alors bon. « T'as pas vu ta gueule, putain, t'as le teint tout gris on dirait le vieux au rez-de-chaussée de mon immeuble, et il a soixante-quinze ans. » Tu coules un regard dans sa direction, assurément moqueur. « Pis apprends à te coiffer. » Si tu n'avais pas les mains prises, tu en rajouterais en venant ébouriffer ta tignasse, mais tu tiens à ton café autant qu'à ton petit pain, et ton estomac vient te rappeler qu'il est très vide en émettant un grognement bien audible.

« Alooooors … Quoi d'neuf ? » Tu ralentis l'allure, tu te remets à l'observer et cette fois, ton expression est celle de la nana qui cherche à se mettre les derniers potins dans les poches. C'est jamais bien intéressant, bien consistant, mais généralement ça te passionne au moins pendant quelques minutes dans ta journée.
Toujours ça de pris.

ft. @Ocelot
10/02.

La bonne cause. Tu parles. Il n'y a rien, absolument rien qui justifie que ton petit frère engorge ses poumons de cette fumée toxique et puante … A tes yeux, du moins. De toute évidence, c'est un point sur lequel vous ne serez jamais d'accord, et malheureusement pour toi, Ocelot n'est plus un enfant que tu peux impressionner parce que tu es plus grande que lui. Déjà parce que tu n'es plus la plus grande vous deux, ensuite parce qu'il y a déjà bien longtemps qu'il a pris son envol et que sa vie ne regarde que lui. Tu as beau râler. Tu as beau le gratifier de tes leçons de morale, tu sais que ça ne sert à rien.
Ce n'est pourtant pas pour ça que tu arrêteras, question de principe.

« Et qu'est-ce que tu crois qu'il se passe de si passionnant, dans la sécurité ? » La réponse est rien.
Absolument …
Rien.
« J'te connais, tu vas partout et t'as toujours les oreilles grandes ouvertes, t'as bien entendu un truc intéressant à raconter … » Nouveau regard dans sa direction, mi-désespéré, mi-suppliant. Vraiment, ça fait pitié. « Nan ? Rien du tout … ? »
Rien.
Mis à part l'interprétation théâtrale d'un truc qui n'a clairement pas la moindre importance. Tu es sur le point de te lamenter, à l'idée d'aller travailler dans l'après-midi et d'enchaîner sur ta soirée du côté de la morgue, certes glauque, mais où tout est évident toujours d'un calme plat … Quand soudainement, Sloane apparaît dans ton champ de vision.

Un rapide salut, et le voilà déjà concentré sur Ocelot, ou plutôt, sur ses cigarettes, ce qui te laisse le temps de l'observer. Encore un qui s'est levé du mauvais pied. Ou qui bosse trop. Tu balances ton coude dans les côtes de ton frangin, tandis qu'il joue de provocation et s'il consent finalement à offrir une cigarette et même du feu à monsieur-qui-donne-les-boulots, tu pousses un lourd soupir tandis que tes élans intempestifs de compassion reviennent te casser les noix.
« Tiens. » Tu tends le petit pain que tu gardais précieusement entre tes doigts, ne gardant que ton café tout juste entamé. C'est de ton breuvage qu'il aurait besoin, sans doute, mais tu aurais l'impression de lui filer des restes alors à défaut, le sucre suffira. « Mange toi aussi, avant de tomber dans les vapes. »

ft. @Ocelot @Sloane
10/02.

Tu te fais observatrice, légèrement en retrait, ton regard qui dévie parfois sur ton frère s'attarde sur Sloane. Tout le monde connaît Sloane. Tout le monde partage un souvenir, au moins, avec Sloane. Celui d'Ocelot est plus amer que le tien, lui n'a jamais été particulièrement d'accord avec le boulot qui lui avait été assigné lorsqu'il avait été en âge de commencer à travailler. Coursier. A tes yeux, c'est pas si mal. Tu ne te serais certainement pas épanouie dans ce boulot, évidemment, mais on fait pire.
Et puis on fait mieux.
Certes.

Mais loin de s'offusquer du culot de ton jeune frère, Sloane accepte. Argumente. Ouvre des portes. Et bien sûr, le chat s'engouffre, il cherche la petite bête, s'amuse un peu de ce qui lui est cédé. Tes yeux roulent vers le haut, un nouveau soupir s'échappe.
« Crétin, y'a pas ton CV d'écrit sur ton front, j'te signale. » Comment veux-tu qu'il sache ? Comment veux-tu qu'il analyse quoi que ce soit ici, entre deux échoppes et à côté d'une poubelle ?
Tu lances un regard désolé à Sloane et pourtant … Pourtant Syn, tes yeux pétillent de curiosité à l'idée qu'il puisse se risquer à répondre aux âneries de ton petit frère.

ft. @Ocelot @Sloane
10/02.

Tu n'as pas spécialement l'envie, ou même le besoin que l'on définisse à nouveau ta vie. Tu as toujours estimé être là où tu devais être, simplement parce qu'on te l'as dit, parce que ça a été décidé pour toi. Ocelot est différent. Il estime avoir été la malheureuse victime d'une erreur et c'est là sans doute le seul et unique véritable point de discorde entre toi et ton cadet.
Tu n'es pas du genre à penser que le système fait des erreurs.
Lui, en revanche, semble envisager tout le contraire.

De fait, tu es presque un peu gênée d'entendre ton petit frère qui joue de provocation avec Sloane. Ce n'est pas n'importe qui. Il fait partie de ces quelques personnes que tout le monde connaît ici, c'est une autorité pour laquelle tu estimes que chacun doit avoir du respect.
Néanmoins, si tu n'oserais pas les poser, tu ne peux nier que les questions d'Ocelot sont intéressantes et que les réponses qu'elles appellent ont de quoi titiller la curiosité. Tu ne fais donc rien pour interrompre la conversation.

Tu hausse les sourcils, et Ocelot est le plus prompt à réagir aux déclarations de Sloane. Impossible de dire si c'est une pensée réelle ou s'il se joue de vous. « Arrête d'être jaloux ! » Que tu lances, sur le ton de la rigolade, en balançant un énième coup de coude à ton frère. La vérité ? Tu te verrais mal au conseil. Tu n'as même jamais su ce qu'ils faisaient exactement, au conseil, cependant de là où tu es ça t'as toujours paru sacrément barbant. « Merci mais non merci, t'as bien choisi pour moi, si ça peut te rassurer. »

La réponse qu'il offre à Ocelot, en revanche, n'a pas l'air de plaire plus que ça à ton frangin, et tu soupires Syn, devant ses réactions. Il en fait toujours des caisses, c'est fou ça hein.
« De quoi tu te plains ? T'en as marre de courir, là au moins tu serais au calme. Jamais content ma parole… »

Le désir, ou le besoin de liberté d'Ocelot t'as toujours questionnée énormément. Comme s'il avait toujours eu besoin de se défaire de chaînes que personne ne voit si ce n'est lui-même. « Et qu'est-ce que tu voudrais faire, alors hein ? Dis-le, au lieu de tourner autour du pot, que Sloane puisse te dire si c'est possible ou pas. » Parce que franchement, tu estimes que ton imbécile de petit-frère l'a déjà assez ennuyé comme ça pour aujourd'hui.