Écho

12/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @-Les jours se suivent et se ressemblent.
La pensée obsède, rancunière et tenace,
elle grignote, grignote, grignote
dévore, dévore, dévore, dévore,
elle ronge et ronge et ronge

Et avant même qu'il ne s'en rende compte,

on lui adresse
un sourire désolé, peint
d'une pitié qu'il juge maladive, et on lui intime de faire un tour, se détendre un peu.

Alors
Fidèle aux autres plus qu'à lui-même
Cécil se lève d'un mouvement de son bureau et sort de la pièce qui semblerait pouvoir l'avaler, tout cru. Elle ronge, et ronge, et ronge, cette image qu'il ne peut pas oublier.

Tu sais
Cette image,
On ne peut pas l'oublier.
Sourire désolé peint d'une pitié maladive
Une pitié contagieuse

Yeux bleus, océans, Océan,
pitié
pitié
Malade
Mort

Elle.

Obsession, ronge, ronge, ronge,
le cadavre dans son placard griffe les parois, cherche à sortir,
il l'entend à chaque seconde de la journée.
Alors que des dizaines et des dizaines et des dizaines de pièces les
séparent
il entend
entend les petits ongles de ses petites mains qui grattent, grattent, grattent

Cécil marche en fantôme dans le couloir fréquenté, incapable de savoir où il se dirige. La seule chose qu'il sait, c'est qu'il ne veut, enfin, il ne peut PAS aller à la morgue car il ne doit PAS y aller il ne doit PAS

il est surveillé.
Shamash ? Silver ? Océan ? Shamash ? Shamash ?

Peut-être pire. À quelques prudents mètres il aperçoit la silhouette d'un homme qu'il reconnaitrait entre mille, sa mâchoire se crispe d'un geste brusque et d'un geste familier, Cécil tourne les talons à 180 degrés et commence à rebrousser promptement chemin. Pas aujourd'hui.

11/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @CécilIls ne l'ont pas laissé voir le corps, il n'a même pas eu besoin de l'identifier. Parce que tout le monde connaissait Sara. Tout le monde connaissait Sara mais personne ne la connaissait comme lui.

Ta silhouette ne passe pas inaperçu, Cécil, pas pour lui qui a tant l'habitude de te voir qu'il se demande si ce n'est pas toi qui le hante, parfois. Il s'essaye à un sourire, mais le sourire de Laurentius n'est plus si plein, plus si plein de joie, plus si taquin depuis la découverte.

- Tu vas où ? Il fait un pas dans ta direction, semble hésiter l'espace d'un instant. C'est presque comme s'il avait encore un pied dans les geôles. Pourtant il n'y a pas de raison de s'inquiéter.
car personne ne sait personne ne saura jamais personne ne devinera personne ne peut savoir
- J'ai un peu de temps avant mon prochain rendez-vous, si tu veux boire un thé. Tu as l'air d'en avoir bien besoin. C'est bien Laurentius, ça, à vouloir toujours faire la discussion.

12/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @-Ton visage le repousse à nouveau dans
La Réalité, comme une (tape dans le dos) ou une (pression sur la cage thoracique)

Il pense à la cage thoracique
Savamment découpée
Tu savais qu'il était trop doué pour
Laisser la moindre marque ou le moindre trou
Ou la moindre irrégularité

Tu supposais
qu'il n'aurait laissé qu'une fine ligne
A peine visible,

Tu sais, c'est une image qu'on ne peut pas oublier

Alors que tu arrives sur ses talons, le rattrape et finit par marcher à tes côtés, les joues de Cécil rougissent à vue d'œil. Ça a toujours été comme ça avec toi, et puis, de ce que tu savais, ça a toujours été comme ça avec tout ceux qui poussent Cécil à ses limites sociales. Extravertis, moqueurs, taquins, ou bien ceux qui questionnent chacun de ses faits et gestes et chacune de ses pensées que tu sais décousues et particulières - parce que tu le connais, pas vrai ? Tu commences à croire que tu le connais par coeur. Il toussote, ne parvient pas à soutenir ton regard ou même à tourner la tête dans ta direction générale, les lèvres pincées.

- Je... je me balade..., petite voix étranglée.
Il ne prendra pas la peine de
répondre à tes propositions, demandes, supplications
Car tu sais C'EST UNE IMAGE QUE L'ON N'OUBLIE JAMAIS
qu'elles te sont toutes acceptées d'office,
avec Cécil
Fidèle à tous
sauf à lui-même.

11/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @cécilComment. Comment faire pour te faire comprendre ? Te faire passer le message ? Il pense à lui adolescent, faisant glisser des petits mots dans les sacs de ses camarades, pour discuter, planifier, draguer, embêter, intimider, insulter.

Tout cela lui semble loin désormais ! Tu ne le vois quasiment jamais sortir de son bureau depuis qu'il est arrivé à l'aile hospitalière. Il était près du conseil autrefois. Il dérangeait là-bas, sans doute.

Tu n'as jamais demandé, jamais osé.

Était-ce à cause d'elle ?
Est-ce qu'ils ne s'entendaient plus ?

- Tu m'évites plutôt, tu peux le dire ! Je serai pas vexé.

Il te répond, glisse un bras autour du tien pour t'attirer près de lui, t'attirer à l'intérieur de son bureau. Il ne ferme pas la porte.

- Tu peux faire chauffer de l'eau ? Je vais sortir deux tasses. Tu prends comme d'habitude ?

12/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @-Il ferme la porte pour toi.

Silence, soudain. Ce
fichu silence
qui l'obsède, qui l'agace
ronge, et ronge, et ronge

Elle gratte, quelque part, là,
elle demande à sortir

Il sait qu'il a fait quelque chose de mal
mais
tu le sais,
tu sais,
Tu sais.

Il passe le bout de ses doigts dans ses cheveux, repoussent les boucles brunes qui te paraissent
ternes
en ce moment.
Tu as l'impression de voir son éclat s'éteindre,
comme une flamme qu'on étouffe dans le creux d'une main.

- Hmhm, il répond
simplement,
son ton est tiré et fatigué. Il
fait chauffer l'eau, comme tu lui as demandé,

et il va s'écrouler dans le sofa
il te semble
plus petit
plus ténu
Tu t'es toujours moqué de vos centimètres de différence,
Parce que tu aimes bien le taquiner

Mais le rire ne te vient pas, alors que tu le contemples
Finalement, tu approches pour servir le thé

Mais la soif te manque.

- Qu'est-ce qu'on va faire ?

11/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @cécilTu l'observes qui sert le thé, ses mèches blondes mériteraient un petit coup de ciseaux, tu penses, distraitement. Et puis tu chasses toutes les pensées qui pourraient en découler.

- On va boire le thé.

Il répond, mime la naïveté, même s'il sait bien que ce n'est pas là le cœur de ta question. La question est toute autre, mais la réponse ne vient pas.

Peut-être tout simplement qu'il n'y a pas de réponse, qu'il n'y a plus rien à faire.

- Pour le moment, il vaut mieux faire profil bas.

Il ajoute, finalement, après avoir jeté un œil vers la porte pour s'assurer qu'elle était bien close, vous ne savez jamais quelles oreilles indiscrètes peuvent se balader dans l'aile hospitalière et les murs du bâtiment ont des oreilles.
ils ont aussi des yeux
- Combien de sucres ?

12/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @-- Deux..., il te répond,
embarrassé même à l'idée d'exister.

De respirer à tes côtés,
mais tu n'y prêtes pas attention,
ou alors tu fais très bien
Semblant.

Tu laisses tomber les sucres dans vos tasses
Et il sert l'eau brûlante

Un silence s'écoule avant que tu
(ne lui demandes de se rapprocher à demi-mots)

Il obéit
Car il est Cécil
et tu es Laurentius
Et que c'est comme ça que ça
marche.

Tu pourrais entendre son
COEUR
battre

Sans relâche
A tes côtés et te
Ramenant à nouveau à ce moment
Alors qu'il fuit ton regard.

Tu n'oublieras jamais
Tu n'oublieras jamais
Tu n'en es simplement pas capable.

Le thé refroidit.
Et tu entends son coeur.
Battre, battre, battre

Tu sais que lui n'entend qu'elle grattant
encore et encore
grattant, grattant, grattant

Finalement, il te surprend.
Il tourne la tête vers toi, quand bien même ses yeux continuent de te fuir, proie fuyant sans relâche

- Pourquoi moi ? Il te demande timidement, voix étranglée comme si les mains étaient encore nouées à son cou,
pour la dixième,
centième,
millième fois

Que tu les as entendu, ces mots !
Tu en rirais presque.
Le rire échappe tes lèvres, sournois
et il rougit.

11/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @cécilTu le vois sans avoir à le regarder. Tius n'est plus si flamboyant, depuis les événements. Peut-être est-ce l'épée de Damoclès qui lui pend au dessus de la tête ? Tu ne sais pas, tu n'arrives pas vraiment à y réfléchir, lorsqu'il est là. Peut-être que tu penses trop à elle, qu'elle inonde tes pensées, qu'elle gratte trop fort-

- Oh Cécil.

Tu sens tes joues brûler lorsqu'il te parle ainsi, lorsqu'il laisse son satané poison s'insinuer dans tes veines. A moins que ce ne soit toi le poison ? Tu ne sais pas, avec Laurentius tu ne sais jamais sur quel pied danser, mais vous dansez constamment.

- Tu sais pourquoi.
tu sais pourquoi Cécil,
tu sais pourquoi
tu sais
tu sais
tu sais
tu sais
tu sais
tu sais
tu sais
tu
sais
Tu n'as même pas le temps de remarquer sa main qui effleure le dos de la tienne que tu la retire, brûlé par le contact, brûlé par sa présence, brûlé par sa chaleur. Tu ne veux pas y penser, tu ne peux pas y penser. Pas ici, pas comme ça. Pas maintenant.
- Bah alors, tu fais la gueule ?

12/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @-Tu le sens s'embraser à tes côtés
Regard fuyant et joues rouges
Et tu le vois déglutir
Ça t'arrache un sourire.

- Je devrais peut-être... je devrais peut-être rentrer. Chez moi, je veux dire. Enfin. Tu sais, Shamash, il...

Les mots de Shamash brûlent encore
C'est grave, tu sais
Son regard, d'un doré implacable
Vous observait peut-être même encore.

Le silence s'étire entre vous deux
Un petit soupir te ramène à la réalité

Cécil se rapproche un peu, vos
épaules côte à côte

- Je fais pas la... tête. Il murmure d'une minuscule voix, avant de venir prendre ta main,
entremêler vos doigts.

- Désolé.
Il s'est excusé
tellement de fois
ces derniers temps, que tu ne sais même plus
à quoi il fait référence.

11/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @cécilQue dirait-elle ? Que dirait-elle Cécil ? Si elle avait su ? Elle savait ? Tu ne sais pas. Tu n'es pas certain, peut-être savait-elle. Peut-être est-ce pour cela qu'elle ne veut pas te lâcher, qu'elle te poursuit partout, que tu la vois dans toutes les ombres et tous les recoins et tous les regards et que tu l'entends dans tous les sons et qu'elle gratte gratte gratte gratte gratte

- Oh c'est bon. Tu sais, au point où on en est.

Son ton dépité, atterré te ramène quelque peu à la réalité, te ramène quelque peu à lui. Il t'a attiré à lui, a passé son bras autour de toi. Tu ne sais pas ce que tu ressens de cette proximité, cette chaleur qui te serre le cœur, qui t'enserre le cœur.

- C'est moi qui suis désolé-

Il s'apprête à dire autre chose mais il guette, tu sens dans son attitude, dans son regard vers la porte close, vers les ombres du couloir, tu sens qu'il projette quelque chose. Et tu espères, peut-être, encore un peu de chaleur, encore un peu de légèreté.

Mais il n'y a que le silence et tes mains couverte de sang, tu l'as poignardée ! C'était un coup au cœur ! Un coup au cœur Cécil ! Un coup dans le dos ! Elle ne méritait pas cela. Ou peut-être que si ? Peut-être que tu avais le droit, finalement, toi qui ne t'ai jamais rien accordé. Son regard s'est à nouveau accroché à toi, tes joues brûlent.

Peut-être que ce n'est pas toi, le coupable.

12/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @-Un frisson contre toi te ramène
à la réalité

Il a soupiré et a
Retiré sa main de la tienne
Épié par les yeux dorés
Ce n'est plus pareil.

Tu le sais
Tu sais
C'est une image qu'elle
ne pourra jamais oublier

Il termine son thé d'une traite et
se redresse
se relève
t'observe en silence

pendant un instant de flottement

son regard est dénué
d'émotions
ou peut-être qu'il
y en a tellement
une tempête semblable à celle qui
frappe les vitres du cabinet
tu ne vois peut-être rien dans cette tornade de sentiments

Ou peut-être que tu ne veux pas voir
ce qui est pourtant devant toi
exhibé là juste devant toi
c'est devant toi
devant toi

Finalement son regard s'adoucit
C'est le regard que tu connais bien
Ce sont les yeux de Cécil

Tu
ne peux pas dire à haute voix ce que tu
penses
Pas maintenant
Pas encore
Mais ce sont
ces yeux
ces mains
Et le sourire abattu qu'il t'esquisse avec tellement de douceur

C'est cette douceur, Sara.
C'est cette douceur, qui te manquait cruellement.
J'ai été meilleur que toi.

- 'Tius...

Ça te pousse violemment dans la réalité
Comme un coup au coeur
Il s'est déjà rapproché de l'encadrement de la porte
et
tu crains de le perdre lui aussi.

- Je vais rentrer.

J'ai été meilleur que toi
Alors pourquoi est-ce que je fuis ?

11/02/2024

15/02 | cabinets - couloir ouvert | @cécilTu t'éloignes parce que c'est plus facile, parce que tu sais qu'il ne va pas te courir après. Ou peut-être est-ce exactement ce que tu veux ? Il ne bouge pas du canapé, sirote son thé avec intérêt en te dévisageant.

- Tant pis...

Le sourire de Laurentius s'avoue vaincu alors qu'il détourne les yeux de toi, observe le reste du bureau. Néanmoins, avant que tu finisses de t'engouffrer dans le couloir, il se racle la gorge.

- Je te retrouve tout à l'heure.

Ce n'est pas une question, tu sais bien que malgré tous tes efforts, malgré toutes les réprimandes que tu peux lui faire, malgré tous les yeux dorés et malgré tous les cadavres entre vous, il ne cessera jamais son petit manège. Tout ce que tu peux dire n'y changera rien, Cécil.

Il sera chez toi, tout à l'heure,
et vous ferez l'amour.

Écho

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