Le sourire abandonné sur le seuil de la pièce, tu parcours d’un regard amer ton minuscule appartement. Pas besoin de plus, certainement – après tout, c’est vrai, t’es toute seule. Mais t’as l’impression que les murs sont un peu plus proches chaque jour, et l’instinct ancré de ton espèce te fait dire que c’est pas normal, ces fenêtres qui ne s’ouvrent pas.
Un soupir tandis que tu envoies valser tes clés sur la table, te sers un verre d’eau après la journée passée à parler. Le dehors est plus sombre que d’habitude, une sorte de couche grisâtre au-dessus de la ligne d’horizon. C’est dans ces nuits prématurées que tu finis maintenant chaque soir, en attente que la lumière mange chaque jour quelques minutes de plus.
Plantée face à la vitre, tu poses une main dessus juste pour ressentir l’écart de température – hélas, on ne sent pas grand-chose. Tes doigts produisent juste des marques à hauteur d’œil, petites auréoles de buée qui s’effaceront en un rien de temps.
Le vide de ta soirée s’étale comme un tapis rouge à tes pieds et, muette, t’envisages une seconde d’aller te coucher dès maintenant.

La seule chose qui t’en empêche, c’est le cliquètement d’autres clés qui retentit dans le couloir. Une simple pensée pour ton voisin et la solitude t’abandonne – métamorphosée en animal social, tu passes la tête dans le couloir alors qu’il va pour rentrer chez lui.
« Yooooooo, tu fais un truc ce soir ?! »
Insupportable sensation que celle d'être seule en permanence, derrière l'épaisseur de ce masque que tu n'arrives plus à enlever. Alors, au moins, avec Ocelot, vous pouvez être seuls à deux.