ft. ???
nuit du 10/02 au 11/02.

Tu tournes en rond, Syn. C'est un triste constat, et c'est un constat qui s'étire de jour en jour. Tu aimes ton boulot, pourtant, tu adores ce que tu fais parce que c'est ton moyen de te rendre utile. C'est ce que tu as toujours voulu, tu ne te serais pas sentie à ta place ailleurs qu'à celle que tu occupes. Tu te sais chanceuse. Certains déteste l'occupation qui leur a été attribuée, et ils doivent faire avec parce que c'est comme ça. C'est là qu'on a besoin d'eux et pas ailleurs …

Tu ne te plains jamais. Tout au plus, on peut remarquer chez toi une certaine impatience, ceux qui te connaissent mieux doivent sentir que certains jours, tu as bien trop d'énergie pour ton propre bien. Mais c'est tout. Tu as une bonne place, un boulot pas trop fatiguant qui ne tire pas sur la corde et qui te garantira une carrière simple, réussie, sans trop d'accrocs.
C'est le rêve de beaucoup de monde ici bas.
Alors tu ne t'autorises pas à dire tout haut que tu aspires à plus que des rondes en solitaire, des gamins qui ont égaré leurs parents, ou bien les types qui passent leur nerfs sur le mobilier urbain.

Ce soir, t'as eu ton lot pour ainsi dire. Persuadée d'avoir entendu des pas au fond d'un couloir éclairé de la lumière blafarde qui sied si bien à l'aile hospitalière et son ambiance, parfois si particulière à laquelle tu t'es habituée. Tu as couru après ce fantôme, cette illusion, cette hallucination ou peu importe ce que ça pouvait bien être pendant de longues minutes … pour rien. Il n'y a rien. Il n'y a personne. L'endroit est désespérément vide et tu reprends ton chemin.

L'odeur qui règne dans cette partie du Bâtiment est particulière. Certains diraient sans doute que c'est ça, l'odeur de la mort, d'autres affirmeraient que ce ne sont que les relents des produits nettoyants. Il y a des soirs où ça te file un peu la nausée, d'autres où tu n'y prêtes absolument plus attention. Ce soir, tu grimaces en égarant ton regard en direction des portes closes, tentant certainement d'apercevoir un petit quelque chose par les hublots striés qui donnent sur les salles d'examens de la morgue plongées dans l'obscurité.

ft. @Cécil
nuit du 10/02 au 11/02.

La curiosité te pousse à dévier du chemin bien droit que tu suivais jusqu'à présent dans le couloir, pile au milieu pour avoir une vue d'ensemble. Mais il n'y a rien, les bruits de pas se sont éteints, ou alors sont-ils simplement devenus trop lointains.
Ou bien est-ce juste que tu n'y prête plus attention ?

Tu quittes la ligne droite, ton regard accroché à l'un des hublots de la porte de la morgue. L'immense pièce est plongée dans le noir. On y voit rien si ce n'est des formes, des ombres. Tu scrutes l'endroit, comme si tu t'attendais à y apercevoir un mouvement quelconque. Mais il n'y a rien. Il est tard, Syn. Le légiste est certainement rentré chez lui depuis des heures, son travail est terminé, comme celui de beaucoup de monde d'ailleurs. C'est le temps du repos pour la majorité de la population, et dans cet endroit si particulier, il n'y a pas d'agitation.
C'est calme. Silencieux.

Mais alors que tu recules, et que tes pieds retombent à plat sur le sol blanc, cette voix vient briser le silence d'un seul coup.
Ton cœur bondit. Tu recules d'un pas de plus, précipité et place dans un réflexe étrange une main devant toi en guise de protection … avant de la laisser retomber dans un soupir.
Prise sur le fait, en plein délit de curiosité.

Sans connaître réellement l'homme qui se tient désormais devant toi, tu parviens à l'identifier de façon sommaire pour l'avoir déjà aperçu par-ci, par-là dans les parages. Il travaille ici. Il est même important, ici. Tu le sais, on te l'a dit.
« Mon travail … » Tu laisses échapper, dans un souffle. Mais tu cesses un peu d'être sur la défensive, lorsque tu constates son attitude qui n'a pour ainsi dire rien d'agressive, ou de punitive. « C'est exactement ça. La sécurité. Je … vérifiais que tu étais en ordre. » Tu désignes vaguement la porte de la morgue, tout en sachant que c'est un peu un mensonge. « J'ai l'habitude. » Même si l'ambiance est particulière ici, tu es à ce poste, dans cette aile, depuis des années.

Tu lui rends son sourire, un peu gênée, tu essaies pourtant d'avoir l'air naturelle. « Vous travaillez tard ? Je croise rarement âme qui vive dans ces couloirs au milieu de la nuit. »

ft. @Cécil
nuit du 10/02 au 11/02.

Un coup d'œil furtif à la porte de la morgue, et puis tu penches légèrement la tête pour observer le fond du couloir, dans le dos de l'homme qui se tient devant toi, et qui avance d'un pas. C'est ce mouvement qui ramène toute ton attention sur lui, tu le fixes avec une certaine dose de méfiance bien qu'il ne te sois jamais réellement rien arriver de fâcheux, ici, dans le cadre de ton travail.
Il approche encore.
Tu ne recules pas, peu encline à te laisser impressionner.

Il parle. Paperasse. Vérifications. Responsabilités. Tu hoches la tête. Il sourit toujours, tu n'oses plus le quitter des yeux, même alors que tu as pour habitude de les balader partout sans jamais les garder fixés sur un point unique, il te force à le faire d'une certaine manière.

Et puis, c'est à tes pseudos craintes, qu'il répond. Tout est en ordre, tu le sais. Quelques pas pressés entendus au bout d'un couloir, ce n'est pas si extraordinaire et ici, il ne se passe jamais rien. Il n'y a rien à craindre.
Mais il invoque un problème de tuyauterie … Soit. Peut-être que ce n'était pas des pas. Peut-être que c'était autre chose. Quoi que.
« Un coup de pied … » Tu répètes, machinalement.

Il approche encore. Sans doute un peu trop pour cette fois puisque tu fais un pas dans la direction qu'il te force à prendre sans même que tu ne t'en rendes réellement compte. « Montrez moi. C'est le genre de chose que je dois signaler en général … surtout si c'est volontaire. Où est-ce, exactement ? » Et puis c'est toujours mieux que de continuer à avancer dans ce couloir trop long, à attendre que le temps passe, non ?

Tu t'éloignes encore un peu, réinstalle une certaine distance tout en avançant finalement dans la bonne direction. Ton regard se tourne à nouveau vers cet homme, tu ne t'y attardes pas cependant, craignant de te montrer impolie. « Vous alliez rentrer ? Longue journée … ? » Tu te retiens de lui dire qu'il a l'air sacrément fatigué, plus vraiment frais, mais tu fais une nouvelle fois preuve de retenue. « Ce sera juste un coup d'œil rapide. »

ft. @Cécil
nuit du 10/02 au 11/02.

Tu oublies rapidement la morgue. Ses néons éteints. Les ténèbres qui flottent à l'intérieur, tout autour des tables métalliques, des instruments étranges et des tiroirs peut-être pleins de cadavres en attente de crémation. Cet endroit à souvent attiré ta curiosité, pour une raison que tu ne t'expliques pas d'ailleurs. Sans est-ce ta curiosité qui te pousse à chaque occasion à tenter d'apercevoir à quoi peut bien ressembler un corps froid quand l'énergie qui l'habitait a fini par s'éteindre pour de bon.

L'endroit où la tuyauterie s'avère effectivement abîmé n'est pas bien loin, quelques instants suffisent à l'atteindre et tu approches pour observer les dégâts qui n'ont rien de conséquent. Mais tout de même. Tu lèves un pied au-dessus de la canalisation qui fuit légèrement, comme pour tenter de comprendre comment c'est arrivé et puis, tu soupires en reculant d'un pas.
Tu jettes un nouveau coup d'œil à ton guide de fortune. « Quelqu'un à effectivement passer ses nerfs là-dessus. Une seconde. » Tu t'éloignes d'un pas de plus, le temps de signaler le dégât, sa nature, son endroit approximatif via la radio dédiée au boulot que tu portes à chaque fois que tu es en service, et puis, ça s'arrête là.
Quelqu'un d'autre viendra réparer ça.

Il ne te reste plus qu'à saluer ce bon monsieur, en théorie, mais subitement, tu te fais plutôt plus souriante à la perspective d'un café de plus dans ta routine. « C'est une invitation ? » Pas du tout, Syn, ça n'a l'air que de banalités, tout au plus, que de politesse. De l'amabilité. Cela dit, tu t'empresses d'ajouter presque à la suite. « J'accepte, je rêve d'un café depuis des heures. Je ne dirais pas que c'est épuisant … je dirais plutôt que c'est répétitif. »
Tu lui désignes vaguement une direction qui les englobent toutes, d'un geste de main. « Je vous suis à nouveau ? »

ft. @Cécil
nuit du 10/02 au 11/02.

Tu lui rends son sourire, pas peu fière d'avoir gagné une petite pause, et un café en prime grâce à ton culot légendaire. Tu délaisses donc définitivement ton histoire de tuyauterie abîmée et tu le suis, encore une fois, dans une nouvelle direction. Tout est silencieux. Encore. Toujours.
Tu n'es pourtant pas effrayée par l'endroit. Tu n'étais pas particulièrement à l'aise, durant les premiers temps de ton boulot ici, surtout la première fois où tu t'es retrouvée à faire des rondes toutes seules. Maintenant, ça va mieux. Néanmoins, certaines nuits, tu ne peux nier que l'appréhension parvient à se frayer un chemin jusqu'à ton cœur. C'est comme si tu avais peur de quelque chose, sans savoir de quoi exactement.
Parfois, tu te sens observée alors même que tu es certaine qu'il n'y a personne avec toi.

La lumière soudaine, et surtout, bien plus vive que celles qui demeurent dans les couloirs durant la nuit te surprends et tu détournes un peu la tête en grimaçant. Tu n'es pas certaine d'être déjà venue ici. Probablement que tu es toujours partie du principe que l'endroit n'était pas pour toi …
La machine se met en route et l'odeur du café vient chatouiller ton nez. « Je suis bien d'accord. » Tu attrapes le gobelet chaud avec précaution lorsque celui-ci à fini de se remplir et tu ajoutes une dose de sucre à l'intérieur avant de te mettre à mélanger, autant pour refroidir que pour faire fondre le sucre.

« Alors … C'est comment de diriger tout ce beau monde, ici ? » Une aile entière. Une aile importante. Une aile à responsabilités. C'est lourd, les responsabilités. « J'imagine que c'est pas simple tous les jours. » Tu viens tremper tes lèvres dans ton café. C'est encore un peu trop chaud, alors tu souffles sur la surface sombre de ta boisson.
Tu as beaucoup de respect pour les gens qui sont capables d'avoir autant de responsabilités. Tu sais que tu n'en serais assurément pas capable.