Écho

13/02/2024

16/02 — près des gêoles ? — @pnj

la tête remplie de mots et le corps vide d'énergie, Esche termine sa journée de travail. identique à (presque) toutes les précédentes, une journée à fixer les chiffres qui s'alignent sur les écrans, bercé par le bruit des pompes et les vagues discrètes de quelques poissons qui brisent la surface des bassins un instant.

le calme plat. comme hier, comme demain, comme avant-hier, comme...
sauf la semaine dernière. ou était-ce la semaine d'avant ? les journées sont si semblables que tout se mélange déjà. Esche sait juste qu'on lui a dit de ne pas travailler il y a peut être une dizaine de jours, un peu plus, un peu moins. ça n'avait pas de sens. il pensait simplement au pourcentage d'oxygène des bassins, aux flancs colorés de ces immondes truites qu'il aimait tant compter comme un berger qui cherche le sommeil en surveillant son troupeau...

tout était redevenu identique. un simple sursaut dans la routine ennuyeusement rassurante. un simple sujet de plus à aborder avec ses patients frétillants, qui ne comprennent rien de plus, et qui s'en fichent bien, du sujet abordé, que ce soit des calculs vectoriels ou un corps retrouvé ici. est-ce qu'ils y pensent encore ? est-ce qu'un peu de sang a coulé dans un des bassins ? est-ce que les graphiques pourraient détecter un infime pic de fer et de protéines ? un peu plus d'oxygène, déversé par des globules rouges ?

la tête remplie et prête à déborder, Esche avance sans réfléchir, et quand il relève les yeux, il n'est pas devant l'ascenseur habituel qui le ramène aux étages supérieurs.
— ah ?
un regard à droite, un autre à gauche. mince, il fallait tourner au troisième croisement. 37 pas, à droite, 53 pas, se tourner à gauche, puis l'ascenseur, qui met en moyenne 32 secondes à remonter. il se fige.

12/02/2024

16/02 — geôles d'isolementLes pas calmes de quelqu'un qui connaît parfaitement l'endroit se font finalement entendre, résonnant dans les couloirs sombres au plafond bas. Les geôles sont très peu éclairées, par la lumière froide d'une ampoule blanche, toujours au même nombre de mètres d'intervalle.

Alors son ombre se dessine sur le mur, et puis tu le vois arriver au coin d'un couloir.
Il a l'air tout aussi surpris de te voir que tu l'es. Ses sourcils se froncent et tu ne remarques pendant un temps que les cicatrices mal refermées, les lignes épaisses sur son visage et les points de suture. Un vrai travail de boucher. Ça se lit sur son visage, là où deux lignes se rejoignent sous son œil droit, et sur ses bras, jusqu'à ses poignets. Tu n'as jamais vu de telles blessures auparavant, mais leur réputation les précède et tu sais tout de suite à qui tu as affaire : Mallory.

Il approche, approche et puis lorsqu'il est à une distance raisonnable, te demande:

0 * Z'êtes perdu ?- Lui avouer que oui, et lui demander ton chemin.
- Inventer une excuse pour justifier ta présence ici.
- Lui demander son nom.
- Lui demander s'il est perdu.

- Partir.

13/02/2024

16/02 — près des gêoles ? — @pnj

perdu ?
il est perdu, Esche ?

oui, perdu dans le dédale des couloirs, et perdu face à cet inconnu pas si inconnu que ça. c'est la première fois qu'il le croise, il pense, mais il a entendu parler de lui, et c'est dur de se tromper d'individu au vu de ses... caractéristiques physiques. inconsciemment, il commence de compter les points de suture des cicatrices.

une, deux, trois...

mais ce n'est pas le moment ! il a mal compté ses pas, et maintenant il doit être perdu quelque part dans les couloirs des geôles, à en juger par celui qui vient à sa rencontre. il a l'air d'un drôle de personnage, mais qui est Esche pour le juger ? il fait un travail utile à la communauté, après tout, et il n'est pas plus moche que les poissons qu'il doit surveiller et bichonner.
— oui, je voulais remonter après le travail et... je sais pas, j'ai du me rater à une intersection.
c'est plus fort que lui, sa voix ne peut cacher son embarras, et ses mains jouent avec la couture de son pull pour tenter de dissiper le malaise qu'il ressent. il n'aime pas les geôles, personne n'aime les geôles. il n'y a jamais été, et ça lui fait froid dans le dos, même s'il sait qu'il ne fera jamais rien de volontaire pour qu'on l'y enferme.

le moulin à paroles se lance, alimenté par sa légère inquiétude.
— normalement, je ne me trompe jamais ! je crois ne jamais avoir été ici. je veux dire, c'est pas très loin des bassins, finalement, mais d'habitude, je remonte tout droit, ça fait du bien un peu de repos après le travail, après tout, et puis il faut que je surveille mes sœurs, elles ont l'âge de faire des bêtises, mêmes les plus grandes...

stop. CHOIX : lui avouer que oui, et lui demander ton chemin.

12/02/2024

16/02 — geôles d'isolementTu lui avoues que oui, tu es perdu, et tu lui demandes ton chemin.
Il sourit, ses yeux se transforment en des croissants de lune de deux différentes couleurs alors qu'il se moque de toi en silence.

0 * Bravo, le veau. Tu te retiens de lui demander ce qu'est un veau. Z'allez où ? Je veux bien vous montrer la sortie, mais je suis jamais monté au dessus, je saurai pas vous emmener jusqu'à... je sais pas où.

Il se gratte le haut du crâne nerveusement, continue à te sourire. C'est un sourire sur la défensive. Finalement, il te fait signe du bout du menton de le suivre.

0 * Elles ont quel âge, vos sœurs, tiens ?

- Commencer à parler de ta petite famille.
- Lui demander ce qu'est un veau.
- Lui demander pourquoi il n'est jamais remonté.
- Lui demander son nom.

- Partir.

Écho

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