Quand Nacre reçoit un message sur son COM commençant par une série de mots plus ou moins synonyme de urgent, généralement, il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour prendre connaissance du message, et essayer d’y réagir de la meilleure des façons qu’il soit. Heureusement, c’est rare quand il reçoit ce type de message. Mais, c’est le cas aujourd’hui.
Fin d’après-midi, quand le message lui arrive, en provenance de Niev. C’est étonnant, parce que de ce qu’il se souvient, Niev est généralement toujours au travail à cette heure-là, mais après tout, les problèmes ne préviennent jamais quand ils arrivent…

Et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé à l’infirmerie du bâtiment, Nacre, après avoir accompagné Méraud, et qu’il reste auprès d’elle jusqu’à l’arrivée de Niev. Méraud, Nacre l’a toujours un peu prise comme cet adulte, autre que sa mère, à qui il pouvait venir demander conseil, ou juste chercher un peu de réconfort quand il était jeune. Et par jeune, c’était vraiment jeune, les premiers souvenirs de Méraud - et du coup de Niev - qu’il a remontent à quand il devait avoir cinq ans à peu près ? Peut-être un peu moins, la mémoire n’est jamais excellente à cet âge-là.

C’est ainsi pour ça que, bien évidemment, quand Niev lui a annoncé que Méraud avait eu un problème et qu’elle ne pouvait pas se libérer sur l’instant pour aller l’aider, Nacre n’avait pas hésité une seule seconde. N’étant pas le moins du monde médecin, et bien incapable de juger de la gravité de la situation - quoi que, de visuel, ça n’avait pas l’air très joli - il n’a pas hésité et l’a directement amené vers l’infirmerie.

Je l’ai conduite à l’infirmerie, je reste avec elle le temps que tu reviennes.

Message envoyé à Niev sur son COM, en espérant qu’elle ne s’inquiète pas de trop à savoir sa mère à l’infirmerie, mais à l’heure actuelle des choses, Nacre ne pouvait rien faire de plus.

A l’arrivée de Niev à l’autre bout du couloir, Nacre se redresse du mur où il est accoudé, face à la pièce improvisée qui fait office de chambre pour Méraud. Il l’a salue, et répond du mieux qu’il peut à ses inquiétudes justifiées. « On m’a dit qu’elle était entre de bonne main, prise en charge, et qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. ». Il tourne son regard vers la petite chambre. « Mais bon, n’étant pas l’un de ses proches, ils ont pas voulu m’en dire plus, secret professionnel je suppose. ». Et bien vite après cela, un infirmier vient rassurer, et expliquer ce qu’il s’est passé. Par respect, Nacre s’est reculé d’un pas, non pas pour ne pas entendre - après tout, c’est pas à un pas de distance que ça va changer grand chose - mais c’est qu’il préfère penser que ça relève de la sphère personnelle, et que lui, n’est là qu’en soutien.

Les mots de l’infirmier ont plutôt bon effet, faisant tomber un peu la lourde atmosphère qui régnait. Un maigre sourire s’affiche sur les lèvres de Nacre quand elle le remercie. « C’est normal, t’en fais pas, t’as pas à me remercier. ». Et puis bon, il est persuadé qu’à l’inverse, elle aurait fait de même ; tout comme, quand il a reçu son message, Nacre n’a pas hésité une seconde. C’était instinctif, sans doute profondément humain et naturel ? Enfin, c’est le cas pour lui.

Le ton un peu décalé de Niev l’incite du coup à poursuivre sur le même ton, et ne pas rester à quelque chose de trop sérieux. Alors, dans un même rire, Nacre lui répond aussi vite. « Je te jure, un calvaire par contre ! Elle tenait absolument à attendre que tu rentres, disant que d’ici-là ça irait mieux, qu’elle irait dormir quand tu rentrerais. ». Oh, Niev doit bien connaître sa mère pour tout ça, il ne fera pas l’affront de décrire davantage toutes les étapes de négociation qu’il a eu avec Méraud…  Tout comme Niev n’a sans doute pas besoin aussi de savoir que sa mère s’est aussi résignée très vite quand même argumenter lui devenait pénible. Elle n’a pas besoin de connaître ce détail supplémentaire. L’essentiel c’est que maintenant ça va vers le mieux, et c’est sans doute ce qu’il compte.

Nacre se retourne vers Niev, fort à parier qu’une fois son quart terminé, elle a filé en direction de l’infirmerie sans s’arrêter sur son passage. Évidemment que Nacre l’a comprend, il aurait fait pareil. Ca n’empêche que maintenant que c’est plus calme, qu’elle peut souffler, Nacre s’enquit d’elle. « Mais, et toi, ça va ? ». Parce que passer plusieurs heures à être dans l’angoisse sans pouvoir rien faire, ça peut laisser des marques.